IN FRAMES WITH... — film couleur 16mm — 12mn —sonore —
Réalisation : THOMAS CHATARD & ANTOINE LEDROIT

Nos deux métiers, respectivement projectionniste et responsable laboratoire argentique, nous ont portés à nous intéresser au support argentique du cinéma ainsi qu'au flux vidéo et à leurs matérialités.
Nous avons réalisé ensemble l'installation vidéo Sans titre (625x25) en 2005, le film Sans titre (24xH2o), et l’installation In Frames with que nous présentons ici.
Ces trois créations ont un dénominateur commun précis : la réappropriation sensible et poétique d’un matériel audiovisuel préexistant issu exclusivement du champ économique (publicités, séries télévisuelles à très grande diffusion, bandes annonce de cinéma).
Pour Sans titre (625x25), notre regard s'était porté sur le flux hertzien que nous avions filmé et remodelé au montage pour créer une installation vidéo quasi labyrinthique où s’entrelaçaient visages, corps et balayages de pixels dans une grande et lente peinture en mouvement. Offrant aux spectateurs l’idée qu’il peut exister une télévision belle et poétique qui ne naîtra néanmoins que d’un chaos originel orchestré par l’œil du spectateur/auteur.
Sans titre (24xH2o) interroge également une matière (la pellicule cinéma), détourne un flux visuel, que l’œil humain enregistre mécaniquement, pour se le réapproprier par un processus de détérioration chimique et organique de l’émulsion du film. Ce projet se joue des frontières du cinéma pour questionner sa matière picturale, son défilement mécanique et régulier, film qui s’offre sur la toile de l’écran comme une peinture lumineuse mouvementée et perturbée.
Chaque diapositive d’In Frames with provient directement des rushs de ce projet de film en cours. Ces photogrammes chargés de grains et allégés d’émulsion révèlent une richesse organique et picturale qui mérite un ralentissement de la cadence de défilement du projecteur. Laisser le temps à chaque photogramme d’être traversé par la lumière du projecteur et d’imprimer ses images sur nos rétines, nos mémoires. Nous voulons effectivement utiliser la transparence de ce support « diapositives » comme un second acte de réappropriation de ces pellicules cinéma.
Le faisceau lumineux du projecteur sonde ces vestiges de cinéma, les expose, et nos yeux les redécouvrent.

Peut-être.

Extrait de In Frames with...